La défume de Nico

Cette page rassemble les textes écrits par Nico sur le forum "Atoute" (dédié à l'arrêt du tabac) à différents moments de sa défume...Trois, quatre, cinq, six, sept, neuf mois, et puis un an, une année entière où comme il le dit lui-même, il a tout fait une fois "sans elle"...

Le premier post...

Salut,

J'en suis à mon 12eme jour sans la clope. J'ai arrêté comme ça, à l'ancienne, sans rien.
J'ai fumé entre 20 et 30 ans, 2 paquets de clopes par jours.
J'ai ensuite arrêté 10 ans.
Repris pendant 5 ans, un paquet par jour.
Là j'en ai marre.
Par contre, je ne pensais pas qu'au bout de 12 jours, ça allait être  aussi dur. C'est pas dur toute la journée, mais j'ai encore des grosses envies qui me viennent... À partir de quand ça commence à diminuer ces envies ?...
J'ai la haine avec la clope. J'arrive pas à croire ce que ça me fait maintenant que je fume plus. C'est une vraie drogue. Merci de m'aider un peu, ça serait gentil.

Nico

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3 mois

Bonjour à tous,

Cela fait maintenant 3 mois, 3 mois que je ne fume plus.

Quand j’ai demarré cette aventure, je ne savais pas du tout où je mettais les pieds. J’en sais un peu plus aujourd’hui, juste assez pour me dire que ça vaut vraiment la peine de continuer.

La raison principale? well, en ce qui me concerne, c’est la satisfaction, la fierté, le soulagement de ne plus être  accro. C’était ce que je ne supportais plus avant de démarrer ma défume. Fumer non pas par envie ou par désir, mais parce que j’en avais besoin pour me sentir “normal”.... Ah! cette maudite première clope du matin sans laquelle je ne pouvais rien faire.

On a l’habitude d’entendre: “si j’y suis arrivé c’est que vraiment tout le monde peut y arriver”… mmm je suis pas si sûr que ça, ou alors faut être  juste un peu plus précis et ajouter “et si on choisit le bon moment”. Je continue à croire que préparer sa défume est tout aussi important que la défume elle-même. C’est quoi le bon moment? J’aimeraiz bien avoir une réponse mais je crois que c’est indéfinissable. On le trouve sans vraiment le chercher. Juste en essayant d’arrêter de fumer. Si on n'est pas prêt, on reclope. Très vite. C’est pas la fin du monde…Ces 2 dernières années, j’ai dû faire 4/5 tentatives qui ont echouées au bout de 24h max. C’était tout simplement trop dur. Impossible. J’ai refumé et ne me suis jamais senti coupable. Je savais que c’était pas le bon moment. Et pourtant la cigarette me gonflait un max, croyez-moi.

Je ne sais pas pourquoi, mais cette fois-ci c’est la bonne, je le sens. Je sais que j’ai toutes mes chances de réussir, de me libérer complètement de la cigarette, que ça demande encore beaucoup d’efforts, de travail sur soi, de patience surtout. De courage aussi. Et tout aussi important, je sais aussi maintenant que si je refume, ce ne sera pas parce que je succomberai à une crise de manque, ou à une soirée trop arrosée où je sais plus ce que je fais, bref refumer sur un coup de tête et se réveiller le lendemain complètement à la ramasse en culpabilisant “mon dieu qu’ai je fait?”, non non, ça sera un vrai choix de ma part, réfléchi, et de me dire “j’ai besoin d’une drogue pour vivre ma vie et ma drogue de choix sera la cigarette”. Et je n’essaierai plus jamais d’arrêter. Aujourd’hui ce choix me paraît complètement ridicule et inintéressant.

Tout a commencé cet été. J’ai commencé à diminuer ma conso pour voir. L’idée était de se dire que si je ne suis pas capable d’arrêter, peut-être  que diminuer peut m’aider… J’ai été surpris de voir que c’était très facile , et donc très vite, je n’en ai fumé qu’une par jour.. celle qu’on appelle la bonne. Je me suis dit “wow genial je deviens un fumeur occasionel !!!”… Du jamais vu, le cas unique. Après 7 semaines à ce rythme, je suis retourné en France, confiant, pour une semaine de vacances. Mais là fini d’être  protégé comme on l’est à NYC où peu de gens fument et où les fumeurs ne peuvent fumer que chez eux ou dans la rue !!! J’en ai fumé 7/8 par jour avec une pointe à 15 dans une soiree parisienne assez destroy plutot sympa. Bref, c’était qu’une question de temps pour que je replonge. Ça m’a gonflé. Le 25 septembre, dans l’avion retour pour NYC, je me suis dis, “arrêtons 3 jours pour voir”, à l’ancienne, sans substitut. Ensuite, c’était un jour après l’autre. Dans ma tête, je n’avais pas encore arrêté. Je continuais à diminuer le nombre de clopes. En 8 semaines j’en avais fumé 55, et après une semaine sans cigarette, j’inscrivais sur mon tableau, “55 cigarettes fumées en 9 semaines, ça fait 6,11 cig/semaine” etc… Ça paraît stupide mais je ne pouvais pas dire “j’arrête de fumer”, ça me faisait trop peur. Alors je me disais “je diminue ma conso”.

Et comme ça, ça s’est en fin de compte très très bien passé.

Les semaines à zero clopes ont defilé.

Je n’en reviens toujours pas.

J’ai “diminué ma conso” pendant longtemps. Au bout d’un moment, je suis arrivé à “55 cigarettes fumées en 12 semaines mmmm ça fait combien par jour ??? euh…” et j’ai trouvé ça un peu con, et tout d’un coup je me suis rendu compte que je n’avais plus peur de dire à la place, “ça fait 4 semaines que je ne fume plus du tout”.

J’ai jamais voulu me mettre de pression. Vivre ça zen, au jour le jour. Prendre ça comme une aventure, pas toujours facile, mais une aventure où je me redécouvre. Où je dois réapprendre à être  à l’écoute de mon corps. Et réapprendre à tout apprécier, les bons et les mauvais moments, sans la cigarette. Un vrai chemin iniatique. Un truc excitant. Tout sauf une corvée. Un truc que je fais pour moi. Rien que pour moi.

Si je dissèque ces 3 derniers mois, ça s’est passe un peu comme ça:

1/ La 1ere semaine un peu dure physiquement, mais gérable. En diminant ma conso pendant 8 semaines avant d’arrêter total j’ai dû me désyntoxiquer petit à petit j’imagine ?…. Je perdais un peu ma voix, des problèmes pour dormir. C’est tout.

2/ Les 3 semaines suivantes ont été pénibles, dures, très mauvais souvenir. 100% psy. Non pas que je voulais refumer mais je pensais à cette défume 24/24, ce côté obsessionel me rendait fou, je voulais m’éclater la tête contre un mur. Chaque seconde, je pensais à ce que j’avais entrepris. L’horreur. J’étais à 2 doigts de refumer, juste pour ne plus penser à cette clope… Tellement ironique non? C’est aussi là où j’ai découvert le forum, où dom, nat, felix et fabian m’ont repéché, sans le savoir. Je me suis rendu compte que j’étais pas le seul dans ce cas-là (marcia, marsvo, mes 2 frères de défume et puis bulle, Bianca, shimairs et plein d’autres, tous les autres). Je me suis aussi rendu compte que je commençais à fatiguer mon entourage, et que les conseils, les bons, viennent de gens qui ont fumé. J’ai compris qu’il fallait être  patient, que c’est bien de demander de l’aide, des conseils… et aussi d’en donner quand on peut.

3/ Entre le 1er et 2eme mois, alors là le pied total. Le côté obsessionel est parti, complètement. Je suis même arrivé parfois à ne plus penser à la clope/défume pendant 3/4 heures… J’ai déroulé jusqu’à la fin de mon 2eme mois, tranquille. Cruise control.

4/ Jusqu’au jour où, pan, ça m’est tombé dessus, pendant 10 jours, j’ai eu des crises comme jamais depuis ma défume. Ça revenait toutes les heures, non stop, ça durait 3/5 minutes etc…. J’ai dû lutter, je n’y comprenais rien. Déprime. Plein de fois j’ai voulu refumer pour arrêter ça et puis, le gag du gag, c’est que l’idée de fumer ne me branchait plus… C’est bizarre car j’avais ces crises de manque (psy/physique qui sait ???), mais je n’avais aucune envie de refumer… Rien que de m’imaginer avec une clope dans la bouche me degoûtait. Je savais que cela n’allait pas régler mes problèmes. Je le savais, je ne cherchais pas à me bourrer le crâne pour m’en convaincre. Je le savais. Je suis passé de la cigarette plaisir / ma meilleure copine à la cigarette drogue qui n’arrangera rien. Je sais pas comment j’ai fait mais c’est vraiment ce qui s’est passé en moi… C’est ça le miracle du truc, t’en chies un max tu t’accroches et non seulement ça passe mais aussi tu progresses, sans vraiment le décider. Je sais pas pourquoi ces crises me sont tombé dessus, j’ai fait une fixation sur ces 3 mois peut-être, tout le monde parle de cette étape comme une étape importante, je me suis mis une pression supplémentaire, j’ai déconné et mon cerveau en a profité et a tout fait pour me faire replonger. J’ai resisté. Et là depuis 15 jours, c’est complètement parti. J’y pense rarement. Cruise control again.

Aujourd’hui, alors que je veux fournir un vrai effort pour reussir cette défume, un vrai effort dans le temps, je sens que je bascule vers une vie sans cigarettes. Est-ce que ces 3 mois représentent le tremplin nécessaire, l’épreuve ultime, pour enfin réussir ce que j’ai entrepris le 25 septembre ? Laissons faire les choses, laissons faire le temps. Mais j’y crois.

A + et merci à toutes et tous les forumeurs.

Nico

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4 mois

Eh oui ça fait bien 4 mois que j'ai arrêté de fumer. C'est formidable.

Je reste étonné de ce parcours, ça me paraissait si difficile, voire impossible... Ce le fut, c'est vrai pendant un moment, au moins 3 semaines, et à tel point qu'il fallait bien que je me ressaisisse... Je ne pouvais pas "souffrir" comme ça éternellement. J'ai commencé à comprendre les clefs psy de ma défume et tout d'un coup l'horizon s'est éclairci.

Plus j'étais dominant sur les effets que le manque avait sur mon corps, plus j'avais le sentiment de gagner la bataille du jour, et peut-être gagner la guerre au final... Pas question de me laisser humilier, battre, par une envie subite. Non non, donner un vrai effort et voir ce qui se passe.

En fin de compte, c'est comme s'il y avait un passage obligatoire pour arriver à ton but, et ce passage est bourré de pièges au début et plus tu avances plus ce parcours devient facile, où du moins tu en connais les dangers, tu sais les éviter... Tu rends ce parcours, la défume, plus facile... Car c'est si psy ce truc que tu peux aussi hélas rendre ce parcours encore plus dur qu'il n'est... C'est ça la difficulté que je rencontre toujours maintenant. Bien sûr, je pense très peu à la clope (quel pied ! ), je me sens de plus en plus libre, j'en parle de moins en moins aux gens qui m'entourent (!!!), mais je dois admettre que ma défume reste une présence constante dans ma vie, où je suis toujours attentif, prudent, humble face à mon arrêt... J'ai tant envie un jour de me sentir complètement libre, et quand je vois le progrès incroyable fait en 4 mois, je me dis que ça vaut la peine encore d'être patient, que c'est pas loin, "just around the corner" comme on dit ici.

Donc ouais, ça vaut la peine, c'est vraiment passionnant cette aventure, cette défume. Excitant même car, pour moi, c'est un voyage unique, que je ne ferai qu'une seule fois, y a plus de retour en arrière. Je ne sais pas du tout où ça va m'emmener, je suis encore incapable de dire que je ne fumerai jamais plus, mais jour après jour, semaine après semaine, je m'extasie des victoires que j'engrange contre la clope et je regarde avec satisfaction les autres forumeurs qui eux aussi, à leur façon, réussissent ce changement de vie.

C'est cool.

Nico
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5 mois

5 mois!

Je me pensais incapable d’arrêter ne serait-ce que 3 jours de suite… J’arrive pas à y croire.

5 mois!

C’est aussi un peu une phase bizarre de ma défume. Fini les galères du début, ça c’est cool, mais je ne suis pas encore complètement sûr d’être défumé à 100%. Je suis entre deux eaux.

Après ces 3 premières semaines d’intense horreur que je ne veux jamais revivre, j’ai très vite compris que pour réussir pleinement ma défume (et arrêter de me fracasser la tête contre le mur par la même occasion), il fallait absolument que j’arrête de prendre cette décision d’arrêter de fumer comme une privation, une corvée, ou encore un sacrifice.

Intellectuellement c’est facile à comprendre, mais l’appliquer dans la vie de tous les jours, c’est hélas tout autre chose, et, en ce qui me concerne, ça a pris du temps. Ça continue à en prendre d'ailleurs.

Prenons la comparaison d’un régime alimentaire. Le principe est de se priver de certaines nourritures, pendant un certain temps, afin de retrouver un poids normal. C’est ok de se dire “je me prive” car on sait qu’il y aura une fin à cette privation. On sait qu’un jour fromage, pâtes, pain et pinard se retrouveront sur notre table.

Dans une défume, y pas vraiment de fin. Donc si on part avec le sentiment qu’on se prive de la cigarette, on se plante quoi qu’il arrive, au bout d’un jour, d’un mois, d’un an, de 10 ans etc… On ne peut pas se priver toute notre vie d’un truc qui nous a fait énormement plaisir. C’est de la vraie torture. C’est inhumain, alors l’humain reprendra la clope… logique, enfin pour moi.

Donc, le truc maintenant sur lequel je bosse, c'est de passer le cap où pas mal de défumés se plantent, les fameux 4 mois / un an où on croit qu'on a gagné, un truc stressant arrive et patatra... ça reclope comme en 14.

Les raisons pour lesquelles cela arrive si souvent ? On perd la motivation du debut, on s'étonne moins, on sait plus trop pourquoi on a arrêté car on n'a plus a se battre comme avant, on compte plus les jours, notre entourage s'est habitué, quand on lit le forum on se découvre "ancien", c'est à dire que la majorité des messages on en connaît déjà la teneur sans les avoir lus, puisque on les a ecrits quelques mois auparavant... Bizarre comme sensation... On rentre dans une routine sans être encore à l’abri d’une grosse envie / crise. C’est un peu comme être sur le quai de la gare, la valise à la main. On est prêt, mais on est pas encore vraiment parti.

La défume c'est un putain de long apprentissage, je fais ça sérieusement et patiemment, zen, car je sais que quand ce concept de “je ne me prive pas de la clope, je passe juste à autre chose” sera dans mon cerveau à 100%, sans me forcer, alors je serais libre... et pour tout vous dire, j'aimerais bien être libre.

Aux nouveaux, je tiens à dire que toutes les galères que vous traversez valent la peine, c’est que du bonheur d’en être où j’en suis.

Aux anciens (dom inclus), merci.

Allez dodo maintenant.

Nico
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6 mois

Salut les zaminches,

En août dernier, alors que je préparais mon 155eme arrêt, je me souviens avoir lu sur le forum un message d’un gars qui fêtait un de ses annifs. Il disait que maintenant pour lui dire non à la clope c’est comme dire non à un bon steack frites.

Ça m’avait scié car jamais je ne pouvais imaginer que cela puisse m’arriver, mais en même temps, ça me faisait rêver.

Je n’ai pas arreté la cigarette pour améliorer ma santé, mon haleine, ma peau, mes dents, faire plaisir à quelqu'un, ou faire des économies. Tout ce qui entoure la cigarette, j’ai toujours aimé. Et j’aime toujours. Ce que je ne pouvais plus supporter c’est d’être accro. De me mettre minable car je n’avais plus de clopes à la maison, de les compter le soir avant de me coucher pour être sûr d’en avoir au moins 3 à fumer illico presto dès que je me lève. Je luttais depuis 2 ans avec ce dilemne. J’aime fumer mais plus je fume plus je me laisse dominer par la dope, plus je deviens accro, plus ça me gonfle...

J’ai arreté, sans rien, comme ça, sans trop savoir pourquoi, sans ecrire une liste de raisons, sans le crier sur les toits, rien que pour moi, avec pour seule bequille le forum, pour seul motto ”aujourd’hui je ne fume pas et demain on verra bien”, avec juste l’espoir que moi aussi un jour je regarderai la clope comme un bon steack frites, et rien d’autre.

Alors voila les zaminches, la bonne nouvelle c’est que maintenant, je regarde la clope comme un bon steack frites et rien d’autre. Je sais c’est con mais je me surprends parfois à sauter de joie comme un môme tout en me disant “tu l’as fait nico !”.

Ça a pas été facile pour moi. Je compare souvent ça à une balade en bagnole. Je me suis tapé tout le perif’ en première, max en seconde, dans le froid, à 6h du mat’, avec fenêtres grandes ouvertes (1er mois). Après un arrêt histoire de faire le plein (un gros coup de forum), j’ai enchainé la troisième pour une traversée surréelle, et toujours enfumée, de la banlieue parisienne (2eme mois). A l’approche de la nationale (3eme mois), j’ai compris qu’en desserant le frein à main ça allait mieux se passer (être zen), et là j’ai passé allègrement la quatrième, puis la cinquième pour me retrouver sur l’autoroute, peinard, où plus j’avance vers le sud, plus le ciel devient bleu.

j’ai appris à être calme, zen, organisé, determiné (j’ai pas eu le choix. sans ça, j’y serais jamais arrivé). J’ai rencontré beaucoup de gens biens sur le forum. Ma vie est plus saine. J’ai reperdu les kg clopes, même un peu plus. Tout le monde me dit que j’ai bonne mine.

Je ne suis pas aigri ou haineux envers la clope, je ne veux en garder que les bons souvenirs. Je regarde parfois les fumeurs avec compassion, mais jamais en donneur de leçons.

J’ai juste envie d’autre chose, d’une vie différente, sans addiction. Et cette envie est plus forte que celle de fumer. Aussi “simple” que ça. Et plus les jours passent, plus cette envie de vivre sans addiction grandit et, par là-même, simplifie ma défume. Car oui, les premières semaines d’horreur que j’ai vécues sont tellement loin de moi, mes envies de clopes ont disparu depuis au moins 3 mois, j’ai de temps en temps des petits trucs physiques qui m’arrivent, picotement dans le doigts, bouffées de chaleur (enfin un truc comme ça), énervement, mais c’est facilement gérable. Plus rien à voir avec le début. Et puis, autre bonne nouvelle (si si) maintenant il se trouve que l’idée de refumer est plus compliquée que celle de ne pas fumer. Bizarre.

Bien sûr, je sais que c’est encore loin d’être gagné. Faut pas se faire piéger, bref rester concentré et parfois… ça fatigue… c’est long une défume… on peut se décourager… on se dit “mais quand serai-je complètement libéré de la cigarette ?“… On sait plus pourquoi on en a demarré une… Je ne peux pas dénier que depuis 6 mois cette défume a pris beaucoup de mon temps, de mes pensées… C’est une course de fond et parfois on a envie de raccrocher les crampons car on en a plein les bottes (!!!). Mais je me suis donné un an pour voir. Je suis à mi-chemin. Là j’ai le feeling d’être du bon côté de la montagne, le côté où ça descend.

J’envie parfois ceux qui sont au même stade que moi mais pour qui ce n’est pas un probleme d’affirmer “la clope c’est fini à jamais”… Je n’y suis pas encore. Il faut que je sois patient et calme… Ça viendra pour moi comme c’est venu pour les autres et si ça doit prendre plus de temps et bien pas de problème, je continue…

Aujourd’hui je ne fumerai pas. Demain on verra bien….

Bises et merci a tous

Nico

Ps: Je ne me souviens plus qui est le gars qui a écrit son histoire de steack frites mais s'il me lit, un grand merci à toi. J’espere, malgré ce long message, pouvoir retourner la faveur, ne serait-ce qu’à une seule personne.

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7 mois

Hello everybody,

Ah tiens ça s’arrête jamais...

Maintenant je suis dans la phase "comment appréhender les beaux jours sans fumer” : les apéros sur les terrases des cafés, les balades-pique-nique le soir dans le parc avec les potes, les discussions jusqu’au bout de la nuit à refaire le monde, mon jardinage sur mon balcon, la douceur du printemps... Tout ça, sans la clope, pour la première fois….

L’apprentissage continue. Et ça continue à m’amuser cette déprogrammation continuelle. La semaine dernière, j’ai mis mon short favori pour la 1ere fois cette année. Immédiatement j’ai pensé à ma bonne vieille cigarette. En effet, ce short a plein de poches sur les côtés et j’adorais le porter car le paquet de malboro me genait pas pour m’asseoir sur l’herbe. C’est quand même chié non ? Donc rebelote, un petit effort mental pour effacer cette pensée nostalgique, et ça passe, si vite maintenant. Et comme toujours à chaque fois qu’on passe un cap, y a une récompense au bout… Ce week end j’avais du taf à Los Angeles. Mon premier long voyage en tant qu’ex fumeur… trop cool… de pas fumer 3 clopes d’affilée, dehors, avant de passer sous les rayons X, plus fumer celle à l’arrache dans les chiottes juste avant de monter dans l’avion, de passer devant les bocaux pour fumeurs sans m'y arrêter, génial de n’avoir aucune envie dans l’avion, à la sortie de l’avion… de même pas y penser… j’adore ma défume !!!!!!!

Donc voila 7 mois déjà. Ce qui a marché pour moi c’est de faire la paix avec la cigarette au lieu de lui faire la guerre.

On compare souvent la défume à une rupture avec notre petit(e) ami(e). Soit on casse sanglant, en s’insultant, en se détestant, en se maudissant, en prévenant la terre entière que “c’est fini avec cette grosse salope, ou ce gros connard”, ou on se la joue soft, élégant, discret, “désolé chéri(e), c’est plus pour moi tout ça, merci de ces moments merveilleux, c’était top ces 25 dernières années mais je veux autre chose dans ma vie… bises bises et basta”. J’ai choisi la 2eme version. Avec succès depuis 7 mois. Pour les 2/3 bonnes clopes par jour qui parfois pourraient me manquer, je n’ai plus à dealer avec les 18 autres, toutes pénibles, galères, les briquets, les cendriers, la mauvaise haleine, les fumades à la va-vite, les prises de tête quand y en a plus… bref, chuis pas perdant au change. Et je sens que je suis sur le bon chemin, je peux pas en dire plus pour l’instant…

Je suis la preuve vivante qu’on peut arriver à 7 mois tout en restant calme, ou plutôt en contrôle de soi, donc en contrôle de cette putain de défume. C’est comme dans… une rupture avec quelqu'un qu’on aime beaucoup beaucoup beaucoup mais qui n’est plus fait pour nous. Faut être fort, je sais. Surtout que la personne plaquée fait tout pour te reconquérir, à tout bout de champ, et que toi quelque part, tu l’as toujours dans la peau…. Mais c’est beau d’être fort, de plus se faire marcher sur les pieds, de se montrer qu’on peut dire bye bye à une addiction, tout en restant simple et humble devant une telle démarche.

Je ne sais toujours pas si je vais refumer. On verra bien, pas de pression. Je pense que j’ai besoin d’une année entière, comme pour une rupture (oui oui je me répète)… Faut tout refaire sans la personne aimée : Noël, jour de l’an, les annifs, le printemps, la plage, les sorties, l’amour, etc… et puis comme tout, ça passe.

Alors je continue à vivre ça au jour le jour.

Les nouveaux, si vous lisez ma bafouille sachez que tout ça vaut bien la peine. Que pour moi, au moins depuis 4 mois, c’est vraiment très facile à gérer. La santé etc… oui bien sûr c’est bien mais surtout la défume c’est apprendre à vous connaître au travers des difficultés que vous allez traverser, apprendre à être fort et fragile en même temps, constant, calme, à ne plus se cacher derrière un ecran de fumée, en fin de compte c'est apprendre à s’aimer…

Et puis aussi apprendre à connaître les gens du forum, à se créer des amitiés. Je ne me pose pas la question de savoir si j’aurai réussi sans le forum, mais je sais que je n’aurais jamais réussi dans ces conditions sans le forum : Nat, marsvo, Marcia, domforum, pw, felix, Fabian, kikinette, moni, izno, bulle, lemeuh, ita, gaby, sabinet, jemy, dainette and coach, pim pam, woody, tarte tatin, leda, siou, grand mere, yadja, zouzou, tequila et j’en oublie merde comme d’ab (sorry)… Merci à vous tous, j’en ai la larme à l’oeil, mais jamais je n’aurais pensé que je pouvais rencontrer et m’attacher à des gens comme vous sur internet.

Même si ce n’est pas pour toujours, même si je viens plus trop souvent, pour moi la “famille” que l’on forme est vraie, belle et sincère, et alors que d’autres familles se forment grâce aux nouveaux, jamais je n’oublierai la nôtre, celle qui m’a permis de retrouver un peu plus de liberté et de sérénité.

Alors Respect à vous les zaminches.

Bizz nico

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9 mois

Salut les zaminches,

La clope et moi c’est pratiquement fini.

Disons qu’après une séparation à l’amiable le 25 septembre 2005, après les bonnes galères du début (voir “ma vie mon oeuvre” plus bas), les engueulades, les assiettes qui volent en éclat à travers la cuisine, bref, les douleurs et le manque dues à la séparation, je sais très bien qu’elle n’est plus pour moi, que ma vie a changé, que j’ai changé, et que malgré tout ses efforts pour me reconquérir, je ne reviendrai pas vers elle. C’est de l’histoire ancienne, même si de temps en temps, ça fait toujours mal de repenser à elle, de me revoir heureux et bien avec elle.

Il ne me reste plus qu’à, un de ces jours, éliminer mes 2 bequilles, le chewing gum et le forum, et tout revivre au moins une fois sans elle…. et alors la boucle sera bouclée.

Ce que j’aimerai dire à ceux qui n’en sont pas encore où j’en suis?

D’abord, si j’y suis arrivé, tout le monde peut y arriver parce que sans dec, jamais j’aurais cru un jour écrire ce que j’écris aujourd’hui.

Ensuite, faites la paix avec la clope, pas la guerre. La clope est plus forte que nous, on n’a pas une chance si on l’attaque de front. Faut être plus malin et faire jouer son cerveau.

Prenez votre défume comme un vrai cadeau que vous vous faites, surtout pas comme une privation. Faites-le pour vous même avant tout. Pour que ça marche, faut vraiment avoir une grosse raison perso pour stopper. Moi je n’en pouvais plus d’être un accro, je me trouvais minable. Quel galère que de cloper, mais je clopais quand même !!!… Ça a duré 2 ans comme ça. Quand je me suis lancé, j’ai pas fait ça en amateur. J’ai arreté sans rien, à l’ancienne, mais j’avais le forum, j’avais prévu au moins le premier mois sans aucune sortie, pas d’alcool, plein de flotte, de sport, de chewing gum etc… 

Après les premières semaines dures physiquement, ma défume est devenue avant tout un travail psy... La nicotine fait son max pour te séduire de nouveau, pour tester tes vraies motivations… S'il y a une faille, tu plonges. Moi je voulais pas recraquer. D’abord, je savais que jamais plus je ne ferai de tentatives pour arrêter, c’est trop douloureux, ensuite, je voulais vraiment donner une chance à ma défume, voir ce que j’allais apprendre sur moi, voir comment j’allais me trouver quand je sens que la clope c’est de l’histoire ancienne. Ben voilà, j'y suis (enfin presque), et c'est trop génial, que du bonheur, je me sens libre, que dire de plus ?... C'est beau, c'est bon, je suis libre... La clope ne décide plus pour moi, la clope ne me dit plus “fume-moi”. J'ai passé parfois 2 jours entiers sans penser à la clope, à ma défume. Je n’ai plus d’envie depuis longtemps, et quand j’y pense un tout petit peu, c’est très gérable, et très rapide à passer. En gros, pour refumer, faudrait vraiment qu’il m’arrive une grosse merde perso, et encore… Je ne peux pas imaginer prendre une clope comme ca, pour voir, ou dans une boite avec les potes, ou parce que j’ai perdu mon job…. Non, tout ça c’est fini. Les plans losers, merci j’ai déjà donné. Je suis passé à autre chose. Même si je continue à rester vigilant. Et patient. Car un jour, je sais que je n’y penserai qu’une fois par an, et même peut-être moins, et même peut-être jamais, un jour…

Courage les nouveaux, ceci je l’espère sera un message d’espoir pour vous. La défume ça peut vraiment être un truc génial en fin de compte, pas qu’une longue et interminable souffrance, mais quelque chose d’assez joyeux, quelque chose d’unique, c’est la joie de se redécouvrir, d’arrêter de se cacher derrière une drogue, la joie d’être libre, de prendre ses responsabilités… et la fierté de s’être sorti d’une terrible addiction. A vous de faire le premier pas dans cette direction.

Alors voilà, merci à tout ceux qui m’ont aidé à m’en sortir (ils se connaissent), je vous suis si reconnaissant, zavez pas idée et bizz à tous bien sûr.

Je reste dans les environs.

Nico
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1 an

hello

Un an c’est fait. La boucle est bouclée. J’ai tout fait au moins une fois sans la clope,
yeah !!! Il est joyeux le père Nico.

Un jour je me suis couché en me disant “demain fais de ton mieux pour ne pas fumer. Si tu y arrives tu pourras refumer après demain”... Je me suis surpris à dire la même chose le lendemain, et le surlendemain… Les jours ont defilé, chacun apportant un défi différent. Aujourd’hui ça fait 365 jours que ça dure... c’est chié.

Ça a l’air bête mais bon quelque part c’est comme ça que ça a commencé pour moi. Même si je n’en pouvais plus d’être accro, j’étais incapable de m’imaginer sans la cigarette, cela me donnait d’énormes bouffées d’angoisse. J’ai donc commencé ma défume très modestement, en toute discrétion, heure par heure, avec mon paquet de Marlboro dans mon tiroir (ça avait un côté très reconfortant), une cargaison de chewing gum, et plein de bouteilles de flotte au frigo.
Au lieu de faire la guerre à la clope, j’ai decidé de lui faire la paix. Au lieu de lui dire “casse toi grosse merde puante”, je lui ai dit “merci pour tout ces moments formidables passés ensemble, on s’est aimés, mais là, c’est plus mon truc, j’ai envie d’autre chose”. En y allant avec le moins de pression possible, je me suis dit qu’il allait être plus facile de défaire les mécanismes de cette addiction au lieu d’y aller en roulant les mécaniques bombant le torse déclarant autour de moi à qui veut l’entendre “la clope c’est fini”.

Je fais partie de ceux pour qui ça n'a pas été fastoche tous les jours... J’ai arreté à l’ancienne, sans substitut, quitte à en finir, autant en finir de suite... Je me souviens de ces 1eres semaines horribles, où je ne pensais qu’à la cigarette, toute la journée, tout le temps. J’ai failli refumer mais je voulais donner un vrai effort, et un jour ça a fait TILT !!! J’ai compris que ce qu’il me fallait c’était de voir ma défume différement et réaliser que défumer ce n’est pas se priver de quelque chose à vie mais c’est vouloir changer sa vie. Dès que j’ai compris ca, tout s’est alors mieux passé...

J’ai enchainé les heures, les jours, les mois en restant bien concentré sur ce que j’essayais d’accomplir, tout en essayant d’être le plus zen, humble et positif possible.
Les envies physiques ont disparu au bout de 15 jours, remplacées, hélas, par des envies psy, une espèce d’obsession interminable sur la cigarette, sur ma défume etc… l’horreur!!!. Ça a été très très dur. Mais, avec beaucoup de forum et de la détermination, j’ai passé ce cap à la con qui a duré un bon mois et demi.
Ensuite, tout a été plus facile. Chaque jour je voyais une amélioration, même minime. Après chaque “crise” que je passais, j’avais cette impression de passer un nouveau cap, de penser à la clope de moins en moins...

Juste après mes 3 mois j’ai survécu à une énorme crise clope de 15 jours non stop et, après avoir recuperé de cette grosse épreuve, j’ai réalisé que cela ne me faisait plus peur de me dire “je veux arrêter de fumer”. J’ai alors jeté mon paquet de clopes, sans remords.

Ma dernière grosse envie a été a mes 6 mois, une bonne semaine je crois, un mélange psy et physique, très bizarre, pénible et démoralisant… je me croyais defumé ! J’avais fourni tant d’efforts et je trouvais que je méritais d’être à l’abri de la sournoiserie de la cigarette. Mon oeil tiens…Mais bon, j’ai tenu.. toujours avec les mêmes recettes : les potes du forum, flotte, chewing gum, détermination…

Et depuis ca, que dalle, niet nada nothing…. RIEN… je déroule.

J’ai vécu une aventure parfois douloureuse, cahoteuse, mais Ô combien exhaltante. Une marche vers une liberté retrouvée. Une vraie découverte de moi, de mon cerveau, de mon courage, de ma détermination, de mon habilité à résoudre ce terrible problème qu’est mon addiction à la cigarette “Je fume non pas parce que j’en ai envie mais parce que j’en ai besoin.”. J’ai appris à être zen, à me calmer, à être patient, à écouter mon corps, à me dire que chaque envie qui se produit, c’est en fin de compte une victoire de plus au compteur, qu’il faut célébrer cette envie au lieu d’en faire un drame...

Je me sens libre.

Aujourd’hui, je sais que refumer ne dépend que de moi. Pas d’un drame qui m’arrive, d’une soirée trop arrosée, d’un beau ciel d’été avec les étoiles et tout, etc.. Non non, tout dépend de moi. La nicotine n’a plus d’emprise sur moi, la cigarette non plus. Je reste vigilant (j’ai encore des effets physiques bizarres qui me donnent parfois cette impression d’être complètement dans le paté, sont-ce les additifs de la cigarette ?), mais je suis en contrôle et je le sais. Mon cerveau le sait, et même mon addiction le sait. Je pense 3/4 fois par semaine à ma défume, à ce qu’était ma vie avec la clope à l’époque, mais je ne pense jamais plus à fumer. Jamais je ne pense à ma cigarette preferée, celle du réveil seul sur mon balcon, avec mon café, à regarder le jour se lever. C’est dingue, je me souviens à quel point j’étais terrifié à l’idee de perdre ce “pur plaisir”.

J’ai réecris les règles du jeu et la cigarette s’est mis à 10 mètres d’elle-même.

Je me sens libre. Demain? Je sais pas. J’aimerais pouvoir dire “je ne fumerai plus jamais” mais j’en suis incapable. Ça me met trop de pression. Alors ça viendra quand ça viendra. Patience.

Je lâcherai plus maintenant, je sais que je vais au bout du truc.

Voilà,
Bizz à tous,

Nico
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